T rop nombreux sont encore des compatriotes qui se complaisent à attendre d’ail- leurs, à 7000 Km, les solutions à ces derniers. Ils sont à l’image de la plu- part de nos élus à toujours deman- der plus à l’Etat français comme si d’autres que nous-mêmes sau- raient mieux que nous les résoudre.
Cette difficulté à aller de l’avant alors que les conditions objectives pour une avancée majeure de la lutte anti colonialiste sont concrète- ment réunies, tient à une sorte de putréfaction de notre société induite depuis des décennies, par l’incapacité des forces véritable- ment progressistes à faire mûrir les conditions subjectives.
Ces conditions subjectives intéres- sent l’homme guadeloupéen, c’est- à-dire, son sens de la responsabilité, sa volonté ardente, son engage- ment, sa détermination à faire bou- ger le pays vers des transformations de fond en s’appuyant sur la par- faite compréhension du nécessaire et large rassemblement.
Car, autant que la volonté du pou- voir colonial à l’aide de subterfuges de toutes sortes de nous imposer sa domination en nous enfermant dans le système départemental, c’est la division, les luttes intestines aussi entre les forces du change- ment qui sont les causes principales de ce pourrissement.
Ce que n’ont pas pu faire l’acharne- ment des forces politiques de la droite conservatrice et la persis- tance des socialistes assimilation- nistes à défendre le statut mortifère de départementalisation en s’oppo- sant à tout changement statutaire, la division des forces anticolonia- listes avec la surenchère nationa- liste et la scission au sein de notre parti l’ont réussi. Le recul du mou- vement émancipateur.
Heureusement, d’autres compa- triotes, eux aussi de plus en plus nombreux, prennent peu à peu conscience de la nécessité de met- tre en avant les notions de dignité et de responsabilité rejoignant ainsi ceux qui revendiquent un statut d’autonomie pour la Guadeloupe.
Soixante ans après que les commu- nistes guadeloupéens aient lancé cette revendication, un jeune gua- deloupéen M. Lapin vient de lui apporter une note de fraicheur en publiant un ouvrage consacré à cette question. Cela porte et c’est important, une vraie contribution à la nécessaire préparation théorique du changement réel. Et ce n’est cer- tainement pas un hasard. C’est la signification que nous sommes par- venus à la croisée des chemins et que la route à prendre est inélucta- blement celle de la responsabilité et de la dignité, celle de l’autonomie.
Oui ! L’heure de marcher vers l’auto- nomie a sonné à l’horloge de l’his- toire. La volonté populaire, forgée dans la prise de conscience que la départementalisation, artifice juri- dique, ne constitue qu’un frein à tout développement, tout progrès de notre pays, doit briser les der- nières résistances de certains de nos dirigeants à la mentalité maladive de vassaux.
Les communistes guadeloupéens du fait même de leur rôle de pion- nier dans la lutte pour l’autono- mie ont la responsabilité de pour- suivre avec plus de suivi encore et plus de pédagogie aussi cette pré- paration à la fois théorique et politique pour l’érection de ce nouveau statut avec un contenu véritablement progressiste.
Le contenu véritablement progres- siste pour nous communistes, c’est celui qui apporte avec le développe- ment multiforme, le changement réel dans la vie de tous, une amélio- ration certaine dans celle de ceux qui produisent les richesses, de ceux des classes laborieuses (ouvriers et paysans). C’est pour- quoi nous exhortons tous les tra- vailleurs et en particulier ces der- niers à prendre toute leur place dans ce combat salvateur.